LA PRESSE EN PARLE- juillet 2018
Maupassant
encanaille le château de Modave
MIS
EN LIGNE LE 3/07/2018 À 19:42
La compagnie Lazzi est de
retour au Château de Modave, près de Huy. Avec « Autour du lit »,
Pascale Vander Zypen et Christian Dalimier y adaptent les contes grivois de
Maupassant. Une ode à la vie !
Pascale Vander Zypen et Christian Dalimier. - D.R.
Ils ne sont
jamais là où on les attend. Et c’est pour ça qu’on les aime ! Après les
digressions philosophico-comiques sur le vin dans Entre deux verres ,
le plus classique Ruy Blas de Victor Hugo, ou le décalé et
nostalgique RN 57 sur les routes du Tour de France, les
artistes de Lazzi 90 s’attellent aux contes grivois de Maupassant. En compagnie
de la chanteuse et pianiste Marie-Sophie Talbot et de la comédienne Pascale
Vander Zypen, Christian Dalimier remet au goût du jour ces récits tantôt
drôles, tantôt cruels dans le grand salon du Château de Modave, avec un décor
naturel qui devrait coller à merveille à l’écrivain maudit du 19e siècle.
Le comédien et metteur en scène nous en donne quelques clés.
Quel a été le déclencheur de cette nouvelle création ?
Je suis passionné de Maupassant depuis que j’ai 18 ans. Je trouve que
c’était un personnage brélien. Un vrai amoureux de la vie et de l’instant
présent. Il a écrit six romans et près de 400 nouvelles en dix ans : c’est
se brûler les ailes mais en même temps, c’est beau. Il a fini sa vie fou dans
un hôpital psychiatrique et il est mort à 43 ans de la syphilis, mais c’était
un de ces auteurs qui donnent envie de vivre, voyager, créer. Il avait une soif
de vivre incroyable. J’aime ces gens entiers, qui voient plus loin que les
autres. Parfois je me dis que ce métier est dur, qu’on n’a pas d’argent parce
qu’on n’est pas soutenus mais finalement, pour des auteurs comme Maupassant, ça
en vaut largement la peine !
Parmi son œuvre, vous avez choisi les contes grivois, mais qui ne sont pas
tous si légers que ça…
Oui, on a adapté une petite dizaine de ces contes dits
« grivois », mais certaines histoires sont très dures, voire cruelles
et violentes. Pour vous donner un exemple, il y a l’histoire d’un jeune fermier
qui est fou amoureux d’une paysanne. Mais celle-ci tombe enceinte d’un autre et
se marie. Le jeune fermier ne s’en remet pas et continue parfois de rôder
autour de la ferme de son aimée. Un jour, il entend des cris déchirants parce
qu’elle est en train d’accoucher alors que son mari n’est pas là. C’est
finalement lui qui va mettre au monde le bébé qu’elle a conçu avec un autre.
Comment adapter du Maupassant ?
On voudrait bien sûr donner envie aux gens de relire Maupassant mais, avec
des auteurs de cette trempe, il faut aussi faire attention à ne pas tomber dans
le récital littéraire. C’était le même enjeu avec notre spectacle sur le
vin : nous ne voulions pas en faire une pièce didactique. On cherche toujours
à rendre la matière théâtrale et vivante. Ici, on travaille notamment avec une
pianiste et chanteuse qui a composé la musique du spectacle et qui crée des
liens, un rythme dans la pièce. On travaille aussi beaucoup sur la musique des
mots et le phrasé de Maupassant. Sans compter qu’on incarne les personnages des
histoires, mais sans les surjouer.
« Petits Meurtres entre nous », « Ruy Blas », « No
Sport » : on dirait que vous n’aimez pas trop la routine ?
C’est sûr que, d’un projet à l’autre, on aime prendre des risques. On
fonctionne au coup de cœur, que ce soit pour un auteur ou une idée. Il le faut
bien quand on n’est pas « choisis » et qu’on reste dans la marge du
système. Je pense à cette phrase dans le film Le goût des autres :
« Etre comédien, c’est dépendre du désir des autres ». Quand
vous ne dépendez pas du désir des autres, il faut bien créer ses propres
désirs !
Maupassant
encanaille le château de Modave
MIS
EN LIGNE LE 3/07/2018 À 19:42
La compagnie Lazzi est de
retour au Château de Modave, près de Huy. Avec « Autour du lit »,
Pascale Vander Zypen et Christian Dalimier y adaptent les contes grivois de
Maupassant. Une ode à la vie !
Pascale Vander Zypen et Christian Dalimier. - D.R.
· LESTEREZ
Ils ne sont
jamais là où on les attend. Et c’est pour ça qu’on les aime ! Après les
digressions philosophico-comiques sur le vin dans Entre deux verres ,
le plus classique Ruy Blas de Victor Hugo, ou le décalé et
nostalgique RN 57 sur les routes du Tour de France, les
artistes de Lazzi 90 s’attellent aux contes grivois de Maupassant. En compagnie
de la chanteuse et pianiste Marie-Sophie Talbot et de la comédienne Pascale
Vander Zypen, Christian Dalimier remet au goût du jour ces récits tantôt
drôles, tantôt cruels dans le grand salon du Château de Modave, avec un décor
naturel qui devrait coller à merveille à l’écrivain maudit du 19e siècle.
Le comédien et metteur en scène nous en donne quelques clés.
Quel a été le déclencheur de cette nouvelle création ?
Je suis passionné de Maupassant depuis que j’ai 18 ans. Je trouve que
c’était un personnage brélien. Un vrai amoureux de la vie et de l’instant
présent. Il a écrit six romans et près de 400 nouvelles en dix ans : c’est
se brûler les ailes mais en même temps, c’est beau. Il a fini sa vie fou dans
un hôpital psychiatrique et il est mort à 43 ans de la syphilis, mais c’était
un de ces auteurs qui donnent envie de vivre, voyager, créer. Il avait une soif
de vivre incroyable. J’aime ces gens entiers, qui voient plus loin que les
autres. Parfois je me dis que ce métier est dur, qu’on n’a pas d’argent parce
qu’on n’est pas soutenus mais finalement, pour des auteurs comme Maupassant, ça
en vaut largement la peine !
Parmi son œuvre, vous avez choisi les contes grivois, mais qui ne sont pas
tous si légers que ça…
Oui, on a adapté une petite dizaine de ces contes dits
« grivois », mais certaines histoires sont très dures, voire cruelles
et violentes. Pour vous donner un exemple, il y a l’histoire d’un jeune fermier
qui est fou amoureux d’une paysanne. Mais celle-ci tombe enceinte d’un autre et
se marie. Le jeune fermier ne s’en remet pas et continue parfois de rôder
autour de la ferme de son aimée. Un jour, il entend des cris déchirants parce
qu’elle est en train d’accoucher alors que son mari n’est pas là. C’est finalement
lui qui va mettre au monde le bébé qu’elle a conçu avec un autre.
Comment adapter du Maupassant ?
On voudrait bien sûr donner envie aux gens de relire Maupassant mais, avec
des auteurs de cette trempe, il faut aussi faire attention à ne pas tomber dans
le récital littéraire. C’était le même enjeu avec notre spectacle sur le
vin : nous ne voulions pas en faire une pièce didactique. On cherche
toujours à rendre la matière théâtrale et vivante. Ici, on travaille notamment
avec une pianiste et chanteuse qui a composé la musique du spectacle et qui
crée des liens, un rythme dans la pièce. On travaille aussi beaucoup sur la
musique des mots et le phrasé de Maupassant. Sans compter qu’on incarne les
personnages des histoires, mais sans les surjouer.
« Petits Meurtres entre nous », « Ruy Blas », « No
Sport » : on dirait que vous n’aimez pas trop la routine ?
C’est sûr que, d’un projet à l’autre, on aime prendre des risques. On
fonctionne au coup de cœur, que ce soit pour un auteur ou une idée. Il le faut
bien quand on n’est pas « choisis » et qu’on reste dans la marge du
système. Je pense à cette phrase dans le film Le goût des autres :
« Etre comédien, c’est dépendre du désir des autres ». Quand
vous ne dépendez pas du désir des autres, il faut bien créer ses propres
désirs !